Manifestation d'agriculteurs dans la nuit du 15 au 16 décembre 2025 sur une rocade près de Toulouse ( AFP / Matthieu RONDEL )
Pour tenter de désamorcer la colère des agriculteurs, le gouvernement promet une accélération de la vaccination dans le Sud-Ouest contre la dermatose nodulaire contagieuse, avec 750.000 bovins supplémentaires ciblés et le recours à des vétérinaires militaires.
"Dans les semaines qui viennent, il faut que l’intégralité (de ce) cheptel soit vacciné et nous nous y employons" pour juguler la propagation de la maladie, a annoncé mardi soir la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, à la sortie d'une réunion à Matignon.
Cet objectif vient affiner la fourchette de 600.000 à 1 million d'animaux supplémentaires devant être vaccinés, jusqu'ici évoquée par le ministère.
Plus tôt, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, avait déjà promis "d'accélérer" la vaccination, pour rassurer les éleveurs très mobilisés dans le Sud-Ouest contre la gestion de cette crise par le gouvernement.
"Mais pour ça, il faut absolument qu'on ait les doses de vaccins disponibles et qu'on arrête de courir après les doses comme on est en train de le vivre en ce moment", prévient Yohann Barbe, président de la FNPL (producteurs de lait).
Car cette campagne vaccinale représente un défi logistique majeur, les doses devant être acheminées vers les dix départements situés à l'intérieur d'un "cordon sanitaire": l'Ariège, le Lot, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales, le Gers, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Hérault et le Tarn.
Un stock de 500.000 vaccins, fourni par le ministère de l'Agriculture, est déjà en cours d'acheminement vers le Sud-Ouest, et "une première livraison de 400.000 doses", issues d'une commande réalisée la semaine dernière auprès des Pays-Bas, sera acheminée prochainement, a détaillé Annie Genevard.
En plus des vétérinaires des services de l'Etat, le gouvernement mobilisera pour les injections des vétérinaires volontaires (libéraux, retraités ou en activité), des vétérinaires militaires (parmi les 70 en service) et des élèves vétérinaires.
- Poursuite des blocages -
Au total, 113 foyers de dermatose nodulaire contagieuse ont été recensés en France, depuis l'apparition de la maladie en juin en Savoie. Mais à ce jour, "il n'y a plus de foyers infectieux", a assuré la ministre.
Plus de 3.300 bêtes ont été abattues sur un cheptel bovins de quelque 16 millions bovins.
La Confédération paysanne a appelé mardi soir "à amplifier et durcir les mobilisations", estimant que le gouvernement ne répondait pas à ses revendications (l'ouverture vaccinale sur toute la France et la fin de l'abattage total dès la détection d'un cas).
"Il n'y a pas grand chose qui a changé", a réagi Jérôme Bayle, figure du mouvement agricole de 2024, sur BFMTV. "On s'oppose fermement à l'abattage total du moment qu'on a vacciné", a-t-il souligné depuis un point de blocage de l'A64.
Mardi, au septième jour de mobilisation, plusieurs axes routiers et ferroviaires étaient bloqués dans le Sud-Ouest à l'appel des syndicats Coordination rurale, radicale et parfois ouvertement proche de l'extrême droite, et Confédération paysanne, classée à gauche.
En fin d'après-midi, 75 actions étaient recensées par le ministère de l'Intérieur, mobilisant 3.400 personnes.
Après avoir entravé le trafic ferroviaire entre Toulouse et Narbonne toute la journée de mardi, des éleveurs ont investi l'autoroute A61, stoppant le trafic dans le sens Carcassonne-Toulouse.
Au niveau de Cestas, au sud de Bordeaux, l'A63 est bloquée dans les deux sens, perturbant notamment le trafic des poids lourds en provenance d’Espagne.
D'autres actions sont déjà prévues mercredi à Limoges, où la Coordination rurale appelle les paysans à monter un mur de foin et de paille devant la préfecture.
- "Mercosur" -
Sébastien Lecornu recevra vendredi les syndicats agricoles, aussi remontés par la perspective d'une signature du traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur.
La FNSEA, premier syndicat agricole, a appelé à manifester à Bruxelles jeudi à l'occasion du sommet des chefs d'Etat européens invités à valider l'accord.
Le président Emmanuel Macron, qui a demandé un report à 2026 du vote prévu à Bruxelles, a redit lundi soir aux dirigeants de l'UE, lors d'un déplacement à Berlin pour des échanges sur l'Ukraine, son opposition à la signature de l'accord.
Et le Sénat a voté mardi une résolution invitant le gouvernement français à saisir la Cour de justice de l'Union européenne pour "faire barrage" à l'accord de libre-échange, accusant Bruxelles de "contourner les Parlements nationaux".

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